Déjà deux jours que je loge chez les frères de Saint François Xavier qui m'accueillent pendant ma période d'immersion, et déjà le sentiment d'être là depuis toujours. Je prend petit à petit le pli de la vie à la birmane.
L'heure du lever est fixée par le soleil, à cinq heures et demi quelque soit le moment de l'année puisque la latitude de la birmanie fait que cet endroit rythmé par seulement trois saisons connait peu de variations dans la durée des jours. Si l'astre incandescent est matinal, les birmans le sont encore plus car dès quatre heures, le rituel commence. Le bal est ouvert par les vendeurs de rue, debouts avant le point du jour pour préparer les shan noodles et autres spécialités culinaires birmanes qu'ils vendent sur leur chariot avant d'aller travailler, le tout à grands renforts de coups de gong pour s'assurer que tout le quartier est au courant. La stratégie publicitaire à la birmane est quelque chose qui m'échape pour le moment. Puis vient le tour de ce satané poulet qui, se sentant lésé de n'être pas le centre d'attention, tente de se donner de l'importance au fond du jardin. J'avoue prendre un malin plaisir à mordre à pleines dents le moindre bout de gallinacé qui passe par mon assiette. Une revanche de bas niveau certes, mais au bout du compte la vengeance est un plat qui se mange plutôt bien chaud. Vient ensuite le tour des moines. La salle de bain étant collée à ma chambre, je me trouve aux premières loges pour entendre leurs ablutions matinales, avec le très classique et sonore gros glaviot du matin, exquise reine entre toutes des spécialités birmanes. Après avoir raclé la petite soeur et toute la famille au fond de la gorge, la douche s'arrete de couler et les frères se retrouvent pour leur prière matinale, et je profite de cet instant de répit pour grappiller quelques minutes de sommeil. Ce matin, et comme tous les autres, point de croissant, point de baguette et point de café noir à l'horizon. A la place, un bol de soupe plus ou moins épicé selon l'humeur du cuisinier et une casserole de riz. Joie. Inutile de préciser la constitution du déjeuner ou du dîner. Si d'aventure des nouilles sont présentes sur la table, elles sont faites de riz, les beignets sont faits de riz et les lapins du jardin mangent du riz. En fait, la variété des accompagnements fait plutôt bien passer la pilule, et j'ai même déjà mes menus préférés, bien que les noms birmans me soient encore obscurs.
Les moustiques se couchent, le jour se lève et je pars découvrir la ville.
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